Les migrations internes

Années 50-60: le Sud part au Nord

Depuis l'unification et la création du Royaume d'Italie (1861) la population méridionale a subi un phénomène d'émigration massive. Parmi les destinations les plus choisies : l'Europe du Nord, les Etats-Unis et l'Argentine. Cependant les déplacement se vérifiaient aussi bien à l'intérieur du pays, vers le nord de la péninsule. La pénurie des ressources économiques et la perte perpétuelle des ressources humaines ont toujours été à la base de l'idée d'un pays qui se développe à deux vitesses. Dans l'après-guerre, en particulier au cours des années 1950 et 1960, l'Italie a connu un extraordinaire boom économique, période que l'on décrit aussi avec l'expression « miracle économique ». A cette époque, de nombreuses activités industrielles se développent, particulièrement dans les régions du Piémont, de la Lombardie et de la Ligurie. C'est d'ailleurs ainsi que les métropoles de Turin, Milan et Gênes deviennent les sommets du célèbre « triangle industriel », une zone en plein essor économique. Les conditions de vie et de travail difficiles dans le Sud de l'Italie encouragent la population (en particulier celle rurale) à partir au Nord afin d'améliorer leur mode de vie, ainsi que celui de leurs familles. Parmi les régions méridionales, la Campanie et les Pouilles se révèlent être les zones les plus riches en migrants (Il Mulino, 1979). Ce phénomène a entraîné un véritable bouleversement démographique de la totalité du pays et du développement urbanistique des villes concernées. Le triangle industriel attire la main d'oeuvre des migrants dans des secteurs tels que la mécanique, la sidérurgie ou le bâtiment. La ville de Rome aussi a connu une vague d'immigration dans la période de l'après-guerre, en particulier en embauchant les travailleurs provenant du Sud dans le domaine des services.

Aujourd'hui: les flux restent invariables

Les valises ne sont plus en carton aujourd'hui, il ne s'agit plus de travailleurs en quête d'une meilleure condition de vie pour soutenir leurs familles ; cette fois-ci ce sont des étudiants universitaires et des jeunes professionnels qui quittent leur ville pour se rendre dans le centre-nord de l'Italie. Ce phénomène prend le nom de  « fuite de cerveaux » : des chercheurs, des architectes, des ingénieurs... Les jeunes migrants partent à la recherche d'un emploi et d'un salaire satisfaisant, difficile à trouver dans leur ville d'origine. La crise économique de 2008 a exacerbé une fois de plus l'écart économique entre Nord et Sud, touchant massivement la classe moyenne. Le taux de chômage du Sud est trois fois plus élevé qu'au Nord (20% contre 7% d'après les données Istat).  Selon les statistiques relatives à l'année 2018, 30% des étudiants du Sud s'inscrivent dans une faculté du Nord. Cela ne concerne pas seulement une question de perte des ressources humaines, mais aussi une importante diminution en ressources financières : les familles méridionales investissent chaque année dans l'économie du Nord, en termes de loyers, charges universitaires et dépenses quotidiennes. Cet aspect continuera à alimenter inévitablement l'écart économique entre le Nord et le Sud du pays. Les régions les plus touchées par l'exode universitaire sont les Pouilles, la Campanie et la Calabre. Mais où vont ces étudiants? Par proximité géographique beaucoup s'arrêtent dans le centre de l'Italie, notamment dans la capitale ; le reste s'installe principalement dans les régions Lombardie, Piémont et Émilie-Romagne.